artistes français

 MARC DURAN

 À Sète, tout le monde connaît Marc Duran , il est comme les chats et nous embrouille avec ses sept vies. On ne sait jamais sur laquelle danser et même lui s’y perd quelquefois. Hors il vient d’avoir une révélation à la manière des maîtres visionnaires de l’Art Brut et s’est jeté à coeur perdu dans la peinture, la grande, celle d’où l’on ressort ébranlé comme d’un rêve étrange mais familier dont on aurait perdu la clef.

Marc Duran est un jeune Piche de 16 ans, quand il réalise son rêve d’enfant et embarque sur un cargo spécialisé dans le transport du bois. Il navigue pendant deux ans, fait le tour du continent africain et n’en retient finalement que le souvenir des bordels sordides et encombrés. L’odeur de l’alcool frelaté mélée à l’herbe locale lui colle à la peau et lui monte au cigare. Son aventure maritime et tropicale prend fin dans les bras d’une prostituée alcoolique en quête de protection rapprochée … Il remonte à Sète chargé de quelques échantillons qui lui ouvrent les portes d’un autre BATO, assemblage collectif monté par Ketty Brindel, Hervé Di Rosa et Robert Combas, la genèse de la Figuration Libre, tiré à 100 exemplaires sur la ronéo du Parti. Il joue son propre personnage dans le film expérimental “Le Docteur Mabuse”, featuring les Compagnons de la Liberté, Robert Combas produit et “met en scène” les précieuses bobines super huit.
Au début des années 1980, Marc Duran prend sa guitare et monte le groupe « Phullankontarque », pensionnaire régulier du mythique Heartbreak Hotel. Très vite le groupe splite, inévitables aléas de la musique rythmée quand elle est jouée à plusieurs. Il garde Freddy à la basse, prend le nom de « Manchakou » et embarque deux Jolis Garçons dans les squats poudreux de Londres.
Robin Wills prince de l’underground Suisse et néanmoins guitariste des Barracudas rencontré sur une tournée avec les Êtres Humains, l’autre groupe résident de ces années blanches, produira quelques démos avec John Plain, fameux guitariste des Boys.
Quand lassé du smog et du succès qui piétine devant sa porte sans jamais oser entrer, Marc redescend à Séte et s’attèle à la création d’un… opéra, pas moins. « Le Multorum Querela », soutenu par le Théâtre Municipal/scène nationale du Languedoc sera joué par l’Orchestre de Montpellier fin 1997et édité en CD. Pas mal pour quelqu’un qui n’ écrit toujours pas la musique…
Il va passer les années 2000 entre Sète et Manaus, en Amazonie, un voyage initiatique où il rencontre sa future femme, Lisa. Après 10 ans de jungle Brésilienne, il rentre à Sète en famille recomposée, ouvre une épicerie pour être sur de manger tous les jours mais plie rapidement les gaules devant l’incompréhension d’un banquier tatillon et le nombre ahurissant de pièces jaunes à compter tous les soirs.

Pendant l’exposition/explosion du “Patron” à Lyon, il tourne les potentiomètres de la sono à 11 et donne la main aux performances des « Sans Pattes », le nouveau groupe que Robert Combas vient de former avec Lucas Mancione, artiste à l’oreille fine et au tricot à rayures, horizontales les rayures. Guitariste free et champion es bandes magnétiques Mancione sculpte des oreilles en marbre de 3 mètres de haut quand il a besoin de taper d’dans!
Au Mac de Lyon, Marc Duran reste fasciné par cet accrochage génial. Il est subjugué du travail accompli par son ami de trente ans et redécouvre même deux toiles de 1981 pour lesquelles il avait servi de modèle.
C’est en autodidacte convaincu qu’ il va reprendre à son compte le do it yourself des premiers beatnicks. Il ramasse l’argent de la famille, dévalise le marchand de couleurs et lui qui n’avait jamais touché un pinceau de sa vie se met au boulot vitesse grand V!
Bluffée par les premières toiles, La Pop Galerie revenue de 25 ans de nomadisme arty monte sa première expo – deux jours, dans son salon – le gratin s’y presse, ils vendent tout! Boosté par cette fantastique révélation et l’adhésion sans fard qu’elle provoque, Marc s’attèle avec gourmandise au chevalet, dérouté par sa réelle performance mais crânement convaincu qu’il est temps de frapper un grand coup et de récolter les fruits de dizaines d’années de dérive autour du monde.
Marc Duran vient d’avoir une vision, exactement comme un artiste médiumnique du siècle dernier, sauf que là tout se joue devant nos yeux et il ne tient qu’à nous d’assister à l’éclosion d’un authentique Outsider …
Pascal Saumade, Sète 2013

 

 

ALDO BIASCAMANO

 

GUY BRUNET

Guy Brunet est né en 1947 à Viviez du côté de Decazeville en Aveyron, un endroit perdu. Il passe son enfance au plus près des étoiles et devient pour toujours « La Créature du Caméo », le nom de la salle de cinéma ouverte par ses parents en plein pays minier où il passe ses journées. Ils l’exploiteront jusqu’en 1963, tirant le rideau sur la Dernière Séance faute de spectateurs. La cinéphilie érudite de Guy Brunet s’est arrêtée brusquement à cette époque – l’Age d’Or d’Hollywood comme il aime à le préciser – c’est un authentique traumatisme. Le cinéma d’aujourd’hui ne trouve grâce à ses yeux, il n’en retient que le sexe et la violence.

De ses souvenirs et des archives paternelles conservées précieusement, il écrit des scénarii originaux (la vie de Napoléon à St Hélène en trois tomes dialogues compris …) et liste sur des cahiers d’écoliers des inventaires aux entrées multiples : classement par titres de films, acteurs et actrices, réalisateurs, scénaristes, producteurs célèbres, habilleuses … rien ne lui échappe.

À côté de ce travail obsessionnel, Guy Brunet peint à la glycéro de salle de bain (pour la brillance) sur des supports de fortune des re-créations d’affiches de films de l’Age d’Or. Images singulières où se marient avec bonheur une figuration haute en couleur rehaussée d’une typographie totalement inspirée qui se moque des conventions. Les logos des grandes firmes Hollywoodiennes peints au recto de vieux plans de mines trônent dans son salon. Pour Le Train Sifflera Trois Fois, il place entre Gary Cooper et Grâce Kelly une énorme pendule qu’il considère comme le personnage central du film. Il nomme joliment Donald Trumbo au générique du Spartacus de Stanley Kubrick, construit le décor de Ben Hur en carton et Le Pont de La Rivière Kwaï, en bois de cagette sur 15 mètres, réplique exacte de sa propre affiche …

Une manière d’arrêter le temps, comme si associer le cinéma à sa propre existence le renvoyait définitivement au Caméo de son enfance.

Quand aux sept cent cinquante silhouettes (dernier recensement février 2010), à l’effigie de stars célébrissimes peintes sur des cartons découpés et entreposées à l’étage, hommes/femmes dans deux chambres séparées, ce work in progress qui déborde allègrement dans les couloirs est alimenté maintenant par les habitués de l’étrange lucarne : Il vient de caster Claire Chazal au générique de ses 3 derniers films! Parce que Guy Brunet réalise aussi des films, sur des scénarios originaux en plan fixe tournés au caméscope familial, des home movies  plutôt minimalistes, un génie on vous dit !

Si vous passez par Viviez, vous ne manquerez pas en traversant le village de tomber sur une façade repeinte à la gloire du 7ème Art. Faites une halte, Guy sera heureux de vous faire la visite et vous pourrez commander une affiche. Car comme tous les grands artistes, Guy Brunet travaille aussi sur commande.

Pascal Saumade, avril 2010

 

 

CHARLES BOUSSION

Ex voto populaires du mexique

Paños, Arte Carceral Chicano

 

DE L’INTERIEUR !

 

L’art du Paño, diminutif de pañuelo, mouchoir en espagnol, s’est développé dans les prisons du sud-ouest des Etats-Unis à la faveur du Pachuco Movement. Zoot-Suit, Low Rider, Mural, la Virgen de la Guadalupe tatouée dans le dos et la Vida Loca dans les veines, c’est à la fin des années 40, la première affirmation de l’identité chicano en Amérique du nord.

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Rock’n’Folk Art

Le Folk Art américain fédère sans jugement de valeur toutes formes « irrégulières » de l’art contemporain, il demeure toujours proche d’une réalié populaire et porteur d’une mémoire collective.

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